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SITUATION suite aux inondations BURKINA FASO – OCTOBRE 2009

SITUATION EN OCTOBRE 2009

APRES LA CATASTROPHE NATURELLE

Présenté par
Buinoud Béatrice
Depiccoli Patricia
Infirmières à L’AURAL
Unité d'Autodialyse Ambilly-Annemasse
et présentes au Burkina Faso en octobre 2009
Rappel des faits
Les 1 et 2 septembre 2009, de fortes pluies se sont abattues sur Ouagadougou (près de 300 mm d’eau en 12 heures). Le CHU Yalgado Ouédraogo a été particulièrement touché et de nombreux services anéantis.
Le service de dialyse
Le mur qui donne sur le barrage Tanghin a cédé sous la pression des eaux et la nouvelle unité de dialyse du Prince Sultan qui avait été inaugurée en début d’année a été le premier bâtiment inondé. L’eau est montée à plus d’un mètre, la porte vitrée a explosé sous la pression de l’eau. Les pompiers sont intervenus pour évacuer les dialysés et le personnel :

Des dégats matériels énormes
Dès le lendemain, tout le personnel a participé à l’évacuation de l’eau et de la boue, au nettoyage et à la désinfection de l’ancienne unité de dialyse. Les maintenanciers ont réussi à refaire fonctionner 3 générateurs sur les 19 existants (12 Gambro AK200 et 7 Fresenius 4008B).
Tous les consommables étaient hors d’usage.

le “cimetière des machines” les consommables “gâtés”
Comment assurer la continuité des soins des dialysés ?
53 patients devaient être dialysés.
Pour faire face le personnel a pris des gardes de 24h pour dialyser un maximum de personnes dans la journée. La sélection se faisait d’après leur état général par le Professeur. Certains ont été très éprouvés. Nous saluons leur courage et leur esprit de solidarité!
Les actions entreprises
Sur place, le Lion’s Club du Burkina est intervenu plusieurs fois avec des dons de consommables et d’appareils de dialyse. Quelques consommables ont pu être achetés dans les pays voisins mais les premières semaines qui ont suivi ont été très difficiles tant pour les dialysés que pour le personnel soignant.
Nous avons été prévenues de la situation le jour suivant l’inondation par une infirmière. Nous avons fait parvenir l’information à JP Garcia (président de l’association JIPSA SOLIDAR) qui s’est mis en contact avec le professeur Lengani et lui a proposé de l’aide. L’association Jipsa Solidar s’est associée à ATEM (Aide aux Techniques Médicales) qui possédait des générateurs réformés disponibles. Jipsa Solidar s’est chargée de coordonner l’envoi entre la France et le Burkina Faso et c’est ATEM qui a révisé et livré à Air France Frêt les 4 générateurs . L’ hôpital Yalgado Ouédraogo de Ouagadougou a financé pour 1700€ les frais de transport et 250€ pour l’achat de chaque générateur. Soit un coût total de 2700€.
Finalement, les 4 générateurs ont été reçus et mis en service sans souci le 30 septembre mais le problème d’absence de consommables persistait.
A notre arrivée, le 5 octobre, nous trouvons le CHU désert. Seuls quelques services fonctionnent. Les autorités parlent de délocaliser l’hôpital dans un autre lieu. Mais pour le service de dialyse cela parait difficile à cause du traitement d’eau.
Le personnel et les patients ont été soulagés par l’arrivée des générateurs. Tous nous remercient chaleureusement d’être venues et pour ce que nous avons pu leur amener mais c’est tellement peu comparé à leurs besoins.

Les malades sont très affaiblis, dans un état de sous-dialyse (rythme d’une dialyse tous les 6 jours). Ils sont hypertendus, certains arrivent à la limite de l’OAP.
Quelques nouvelles de Casimir
Après l’inondation, Casimir a pu faire une dialyse de 3h après 10 jours sans épuration. Certains arrivaient en vomissant, tenant à peine sur leurs jambes, ils se retenaient aux murs. Puis ils ont repris le rythme d’une dialyse tous les 6 jours.
Casimir est heureux de nous revoir et de nous annoncer que depuis la rentrée, il a pu prendre la direction d’une école. Il n’enseigne pas mais s’occupe de tout le côté administratif.
Il nous annonce que malheureusement tout le bureau de l’association (ABUDIR) souhaite démissionner. Lors de leur action au niveau du ministère, on leur a répondu qu’on ne pouvait pas consacrer une part aussi importante du budget à aussi peu de personnes.
Le bureau d’ABUDIR s’est renouvelé quelques semaines après notre départ et nous apprenons que Casimir Kabore en est devenu le président. Nous espérons que ces changements vont redynamiser le groupe.
Conclusion
Nous sommes revenues découragées par cette situation en dialyse.
Personne ne s’intéresse aux dialysés du Burkina Faso....
Les malades nous disent leur peur de mourir, expriment leur désarroi. Le personnel nous exprime son impuissance et ses difficultés. Nous ne pouvons que les écouter.En un mois, ils n’ont déploré aucun décès mais quelques jours après notre retour en France, nous apprenons le décès d’Ibrahim, un jeune d’une vingtaine d’années et puis deux autres anciens dialysés vont succomber la semaine suivante.
Début novembre, le service a reçu pour un mois de consommables. Actuellement, 55 personnes sont dialysées.
Ils font appel à toute aide quelle qu’elle soit. Ils aimeraient que de nombreuses personnes les entendent et puissent leur apporter leur soutien.Nous avons entendu leur appel à l’aide dans l’urgence, entendons maintenant leur détresse persistante.